Le Management ne s’apprend pas mais se réapprend 

Un fonctionnement défaillant, une réforme inachevée, des directives non suivies des faits ou une absence de motivation sont souvent expliqués par une absence et/ou un mauvais management. La solution aux dysfonctionnements ne réside pas uniquement dans l’allocation de ressources supplémentaires mais aussi dans la manière dont les ressources humaines sont animées et organisées. 

La notion management a été initiée comme discipline à part entière nécessitant des théories, des méthodes, des outils et des compétences à partir des années 1930 et généralisée dans les années 1960. En provenance des États-Unis la notion se distingue de l’administration et signifie l’art de gérer une entreprise de manière dynamique avec la notion de stratégie. Son origine vient de l’italien maneggiare qui signifie manier (en relation avec le mot latin manus pour la main) et du verbe français ménager dont le sens initial était de gérer avec raison et ménagement sa fortune.

La pratique du management est apparue avec l’émergence des grandes entreprises, lorsqu’il a fallu coordonner un grand nombre d’actions individuelles pour la réalisation d’un produit collectif. C’est essentiellement au XIX ème siècle que cette notion a fait son apparition dans des organisations hiérarchiques en mode commande/contrôle (les fonctions du management de Fayol :  Prévoir, Organiser, Commander, Coordonner, Contrôler), sur le modèle des armées et des religions (cf. les travaux de Max Weber). Le management se définit comme une fonction de commandement et de contrôle pour une stratégie de production. Le management se confond de fait avec la hiérarchie dans cette acception commande/contrôle.

Manager c’est faire coopérer des personnes sous contraintes (de production, de qualité, de délais et de coûts). Georg Simmel définit la coopération comme un ensemble d’actions visant à partager un but collectif et à construire un contexte d’appréciation entre les parties prenantes. Le management apparaît comme l’art de construire une dynamique collective entre des parties prenantes aux objectifs différents. Ce sera d’ailleurs la position prise par le courant de l’Organizational Development (OD) à partir de 1950. L’innovation managériale c’est proposer de nouvelles pratiques en lien avec les évolutions sociétales (participation, innovation, responsabilité sociétale, etc.) et les stratégies déployées par les organisations. 

Le management est probablement plus un comportement qu’une compétence. C’est une manière de se comporter avec responsabilité pour construire un collectif créateur de valeur économique et sociale. C’est savoir se comporter de manière positive en résolution de problème tout en permettant le développement des personnes. C’est aussi savoir lire de manière rationnelle, sociologique et politique un collectif pour le faire fonctionner. C’est à la fois une capacité de lire un collectif et les attentes des parties prenantes tout en prenant la responsabilité et l’initiative de l’action. Dans l’individualisme méthodologique, l’action est individuelle et le résultat collectif. Le management c’est l’art de créer l’action pour un résultat collectif.

Le management ne s’apprend pas mais se réapprend. C’est une évolution comportementale qui nécessite une expérience et une analyse de cette même expérience au travers de son récit et de son analyse au regard de grilles de lecture théorique. Selon Kolb, un apprentissage comportemental nécessite de vivre une expérience qui remet en question les croyances et le récit de l’expérience ancre de nouvelles croyances. Les grilles de lecture que sont les travaux de recherche ne sont que des idéaux types au sens de Max Weber, uniquement des figures pour analyser le réel et non le solutionner. C’est la lecture de ces grilles en contexte qui apportent des solutions. C’est d’ailleurs la logique des MBA qui étaient, à l’origine, proposés à des personnes qui travaillaient tout comme les démarches du CNAM et des IAE en France. Pour cela nous proposons des temps de retour sur une expérience tous les 5 ans avec des apports explicatifs et d’ouverture permettant de développer la capacité managériale, c’est-à-dire la capacité à faire coopérer des personnes sous contraintes pour un objectif collectif.

Un article de Luc Bretones paru sur le site de Forbes ici

Luc Bretones est organisateur des événements The NextGen Enterprise et David Autissier est directeur de la chaire Essec Innovation Managériale et Excellence Opérationnelle.

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