Votre façon de penser votre douleur l’aggrave ou la soulage

Penser différemment à la douleur chronique peut la faire disparaître là ou tous les autres traitements ont échoué.

La lutte contre la douleur se déroule le plus souvent à un niveau médicamenteux, mais aussi dans le champ du psychisme. Une rééducation à la douleur est possible en lutter contre les idées reçues, les craintes infondées, et une compréhension de ce qu’est un signal douloureux.

Pour prévenir l’apparition des douleurs chroniques, de nombreuses personnes modifient leurs habitudes de vie. Elles marchent moins, s’interdisent des loisirs ou leurs activités sportives préférées. Leurs comportements d’évitement sont alimentés par la peur de se faire mal. Pourtant le plus souvent on ne retrouve aucune lésion physique ou de maladie pouvant stimuler les centres de la douleur à déclencher des signaux de douleur. La douleur chronique peut donc être « apprise ». 

Après l’événement initial aigu, des réseaux neuronaux associés à la récompense et à la peur restent en état d’excitabilité ou développent une sensibilité exacerbée à une faible stimulation, alors qu’on ne retrouve plus médicalement de lésions. Le problème vient d’une mauvaise connaissance des mécanismes de la douleur. Il convient alors de modifier la croyance selon laquelle la douleur chronique n’est pas toujours liée à une lésion réelle, mais peut être une sorte de fausse alerte envoyée par l’organisme. 

L’étude randomisée de Yoni Ashar et col (1,2)

L’étude portant sur 50 sujets a évalué l’impact d’une rééducation nommée « Thérapie de Reprogrammation de la Douleur » (Pain Reprocessing Therapy ou PRT) dirigée par un psychologue. Ce dernier apprend aux patients souffrant de douleurs dorsales les origines cérébrales de leur douleur et leur réversibilité, et à mieux écouter leurs sensations, afin de pouvoir bouger sans crainte et sans risque, et à réintégrer dans leur quotidien les mouvements qu’ils évitaient.  La Pain Reprocessing Therapy aide les patients à appréhender les sensations de douleur de manière sereine plutôt que sous l’angle de la menace et les oriente vers des émotions et des sensations positives, en utilisant des mouvements spécifiques.

L’efficacité des huit séances de rééducation par PRT pendant un mois a été comparée à celle de l’injection d’une solution saline (groupe le placebo) et aux soins habituels (groupe témoin). 
Les résultats montrent que 66 % des patients ayant bénéficié de la rééducation ont déclaré qu’ils n’avaient plus, ou presque plus mal, contre 20 % dans le groupe placebo et 10 % dans le groupe témoin. Un an après la fin de l’expérimentation, ces bénéfices étaient toujours présents, et 98 % des patients ont fait part d’une diminution de leurs douleurs, des limitations physiques, un moindre sentiment de colère et un meilleur sommeil.

Une démonstration de la technique PRT

Dans cette vidéo, Alan Gordon, fondateur du Pain Psychology Center et innovateurs de la PRT, en fait une démonstration avec une femme souffrant de douleurs cervicales depuis 20 ans

Dans les cas de douleur neuroplastique, le cerveau interprète les sensations non douloureuses du corps comme s’ils étaient dangereux. L’objectif de la PRT est de corriger cette erreur d’interprétation et d’apprendre au cerveau que ces sensations sont en fait sans danger.

La technique centrale de la PRT est le suivi somatique, c’est à dire une façon particulière de penser à la douleur et d’y prêter attention. Nous pensons le plus souvent à la douleur avec des questions telles que « Est-ce que c’est grave ? La douleur va-t-elle s’aggraver ? Comment vais-je pouvoir faire X ou Y avec cette douleur ? » Cette focalisation de la pensée sur la douleur renforce les messages de danger envoyés au cerveau, ce qui maintient l’activation des signaux douloureux.

Le suivi somatique permet d’inverser le scénario, en abordant la douleur sous l’angle de la sécurité au lieu de l’aborder sous l’angle du danger. Le suivi somatique cherche à neutraliser la menace perçue, pour que le cerveau puisse « retraiter » la sensation comme étant sans danger et que la douleur puisse s’estomper.

Pour Alan Gordon et Yoni K. Ashar (3) le suivi somatique comporte trois éléments : a) la pleine conscience pour aborder la sensation douloureuse sans peur ni jugement et sans tenter er de nous en débarrasser, b) une réappréciation des sensations comme étant sûres, en nous rappelant que la douleur est une « fausse alerte » qui n’indique pas une blessure corporelle, c) la génération d’émotions positives pour aborder les sensations avec une attitude légère. 

Commentaires pour les coachs de santé

Cette étude démontre de façon explicite la relation corps-esprit et l’utilité d’aborder toute pathologie, d’une part sous l’angle du somatique et d’autre part sous l’angle des représentations mentales qui y sont associées. Dans une approche PNL, on aurait aidé le sujet à revenir à l’événement douloureux initial pour y apporté des ressources (Trauma process ou Ré imprinting). Comme pour les mécanismes de l’allergies dans lequel le système immunitaire peut faire des ereurs d’interprétations sur ce qui est nous (ami) et ce qui n’est pas nous  (ennemi), avec la douleur on considère que le cerveau fait des erreurs d’interprétations sur ce qui est dandereux ou pas, ce qui nécessite une réponse oou pas de défense.
La grande leçon de cette étude est la distinction claire entre deux types de douleurs qui répondent à des traitements bien distincts : 

  1. la douleur aigue générée par une lésion du corps est ascendante, elle reflète généralement une lésion des tissus, elle va de la périphérie vers le cerveau pour l’informer d’un danger et provoquer une réaction de défense. Le traitement est médical et souvent médicamenteux 
  2. la douleur chronique générée par le cerveau est plutôt descendante car à partir de la mémoire d’un danger, elle continue à adresser à la périphérie des messages de douleurs, comme si le danger était toujours présent. Le traitement de la douleur consiste à soigner les émotions (la peur) et les pensées ou croyances qui les génèrent. Le coach de santé peut intervenir à ce niveau

La douleur est donc un signal de danger généré par notre cerveau pour nous alerter des menaces corporelles. Mais nous pouvons avoir mal même s’il n’y a pas de menace réelle pour le corps. 
Alan Gordon, Yoni K. Ashar (3) rapportent le cas d’un ouvrier du bâtiment qui en sautant d’un échafaudage, avait atterrit sur un gros clou qui avait transpercé sa botte. Hurlant de douleur il avait été emmené d’urgence à l’hôpital. Mais quand les médecins ont retiré sa botte, ils ont constaté que le clou était passé entre deux de ses orteils, sans même lui causer une égratignure. Lorsque l’ouvrier du bâtiment a vu cela, la douleur a disparu immédiatement. Son cerveau avait généré la douleur car il se croyait en danger et a cessé de le faire une fois l’absence de menace écarté.

La douleur générée par le cerveau (3) est souvent dite « douleur neuroplastique », car la douleur vient principalement des modifications (plasticité) des voies neuronales. Ce qui signifie que cette douleur n’est pas imaginaire et elle est bien réelle pour celui qui en souffre. Quand le cerveau est confronté à la douleur de façon répétitive, les neurones se renforcent et deviennent plus sensibles et la douleur peut devenir chronique. En craignant et en évitant la douleur, nous renforçons la croyance que la douleur est dangereuse. Un cercle vicieux peut s’installer : la douleur provoque la peur et l’évitement, et la peur et l’évitement entraînent plus de douleur.

Une douleur peut être considérée comme neuroplastique quand elle survient sans blessure et est renforcée par le stress, quand la douleur incohérente (par exemple, le dos est douloureux en position debout mais pas en courant) ou se déplace dans le corps, quand on retrouve des antécédents d’adversité ou de traumatisme dans l’enfance, quand on fait face à personnalité sujettes à l’anxiété, à l’hypervigilance et au perfectionnisme.

Les détails du protocole PRT

Protocole en Français 

Protocole en Anglais 

Sources

(1) How you think about physical pain can make it worse, Meryl Davids Landau , Aril 1, 2022, National Geographic.

(2) Effect of Pain Reprocessing Therapy vs Placebo and Usual Care for Patients With Chronic Back Pain A Randomized Clinical Trial; Yoni K. Ashar, Alan Gordon, Howard Schubiner et al ; JAMA Psychiatry. 2022;79(1):13-23. doi:10.1001/jamapsychiatry.2021.2669

(3) How the Brain Causes Chronic Pain & How to Stop It By flipping the script on pain you can change the way you see it and retrain your brain to help reduce it.Alan Gordon, Yoni K. Ashar, Practical Pain Management Jul 21, 2021 ; https://patient.practicalpainmanagement.com/resources/pain-self-management/how-brain-causes-chronic-pain-how-stop-it

Un article de l’excellentissime Docteur Jean-Claude Monsempès à retrouver sur son blog ici

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