Christophe Willem : dissocier ce que l’on est de ce que l’on fait

Merci Sylvain B. pour ce partage !

« J’ai eu la sensation d’un seul coup que tout ce qu’on m’avait donné on l’a repris d’un coup, et ça a été vraiment cette sensation et je me suis retrouvé du coup, bah, je me suis retrouvé comme le petit garçon dans la cour d’école, tu vois, que tout le monde regardait et donc, si tu veux, je portais, si tu veux, la sensation d’abandon et la sensation de honte, tu vois…

Alors ce n’est plus la honte d’être « le pédé de la cour de récréation », mais c’était la honte d’être le mec qui ne vend plus de disques, tu vois, le looser, en fait.

La première semaine de vente elle est un peu fatidique. Et c’est vrai que c’est super violent quand tu as une semaine de vente on vous dit bon bah l’album est plié il atteint pas les chiffres donc c’est mort.

Ce que ça réveille à ce moment là chez moi, c’est des failles beaucoup plus anciennes qui débarquent, que je me prends en pleine tête à ce moment-là.

Et je me rends compte que je suis hyper fragile, et qu’en gros, depuis La Nouvelle Star, donc depuis 2005 le casting et 2006 la victoire, qu’en gros tout repose sur quelque chose d’hyper bancal, et que je suis ultra dépendant du regard des gens, du succès pour, moi, me sentir un minimum solide.

Or, à ce moment-là, je me sens hyper fragile, pas du tout stable, et c’est là que ça commence un peu à bien vriller quand même ouais.

Ce qui est très violent c’est que quand on est artiste, c’est très difficile de dissocier ce qu’on fait de ce qu’on est souvent. Ca c’est con comme exemple mais bon tu vas dans une boulangerie tu te prends de baguette qui est un peu grillée tu vas pas dire : « ah elle est complètement folle cette boulangère, je n’y retournerai plus jamais ». Tu dis : « bon dans un malentendu il y a quelqu’un qui était au téléphone à ce moment-là elle a foiré la baguette. » Mais c’est pas dramatique. C’est vrai quand tu as la sensation d’un rejet parce qu’il y a pas une adhésion en fait, c’était ça le truc, tu as la sensation qu’en gros, c’est pas ce que tu fais qui est rejeté mais, in fine, c’est ce que toi, tu es, ce que tu représentes qui est complètement ouais qui est rejeté. C’est vraiment cette sensation-là. Donc dissocier ce qu’on fait de ce qu’on est, quand on est artiste, c’est quand même très compliqué et en même temps c’est fondamental si tu veux et c’est fondamental dans les deux sens : en cas d’échec et en cas de succès.

Et là je me dis en fait il y a deux options c’est-à-dire que la première option soit tu es fondamentalement sado-maso et tu aimes vraiment t’exposer et te sentir tu vois fragile comme ça et si tu veux, clairement, je me dis c’est pas possible en fait c’est pas viable, donc soit il y a cette option-là, soit il y a l’option non mais un moment il va falloir travailler sur toi parce que c’est pas possible, en fait c’est pas possible !

Je me sentais pas du tout solide, pas du tout solide à l’idée éventuelle de faire un autre album qui ne marche pas tu vois, donc si tu veux il y avait ce truc là et ça a entraîné tout un tas de questionnements avant que je vois une psy, tout un tas de questionnements sur mais pourquoi je faisais ce métier qu’est-ce que j’avais besoin de combler. Est-ce que je faisais ce métier par ego, tu vois ? Est-ce que c’était mon ego que je cherche à nourrir ? Est-ce que chercher à communiquer des émotions avec les gens, enfin, tu vois, toutes ces questions-là, elles avaient besoin d’être creusées profondément. Et c’est ce que j’ai fait en fait dès que la tournée s’est arrêtée donc. Ca a été intense mais nécessaire.

J’arrive à table chez mes parents et je venais de réécouter l’album Rio et en fait quand j’ai réécouté l’album j’étais en larmes parce que je disais mais moi en fait cet album j’aime bien donc même si la pas marché ben j’arrive on arrivera pas à me faire dire que l’album était pas bon il me correspondait au moment où que je vivais moi dans ma vie à ce moment-là en fait tu vois et donc je suis arrivé à table et d’un seul coup mes parents disent alors qu’est-ce que tu faisais tomber en larmes mais alors vraiment violemment en disant mais je vais faire un autre métier je comprends pas pourquoi on me dit que cet album est a été pourri et mes parents, tu sais, se sont retrouvés désemparés parce que je suis jamais tombé en sanglot comme ça devant eux mais même justement quand j’ai subi du harcèlement et tout ils m’ont jamais vu comme ça et bizarrement le fait d’avoir tu vas lâcher ça, ça m’a permis d’évacuer tu vois le poids que j’avais sur moi et du coup petit à petit j’ai gros commencé à me mettre au travail sur l’album Panorama du coup et je me suis dit bon ben à un moment ce sera un peu « take the best, fuck the rest », tu vois et ma logique ça a été bon bah à partir de maintenant stop quoi c’est à dire que je vais faire un album d’accord moi il me parlera à 100% peu importe que on dit c’est bien c’est pas bien moi j’assumerai je porterai un album là où j’ai envie d’aller d’une thérapie une thérapie et la psy c’est la même que double jeu exactement alors ça c’était vraiment une envie pour moi réellement la thérapie de pS Je t’aime cette fin de thérapie où je dis bon bah je crois que j’ai fait le tour maintenant passer à autre chose dans ma vie réelle j’étais en train de terminer la thérapie qui a eu lieu pendant toute cette période-là et pour moi c’était symboliquement de dire bon ben voilà il y a eu la théorie bon bah maintenant il faut vivre l’expérience Panorama c’est une ode à la résilience et la logique de se dire que rien n’est permanent ni ce qui est positif ni négatif et qu’il faut accepter ce qui est au moment ça existe et les évacuer pour avancer et aller vers autre chose et donc j’espère cet album moi ça a été exutoire cet album il est vraiment arrivé à la fin de cette remise en question qui a duré presque 5 ans donc ça aide c’est vraiment un exutoire pour moi j’espère qu’en tout cas il aura une utilité pour ceux qui l’écouteront.’

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