L’illusion de la fin de l’histoire

Serez-vous la même personne dans dix ans ?

Avez-vous beaucoup changé au cours des dix dernières années ? Changerez-vous beaucoup au cours des dix prochaines ?

Des psychologues ont montré que quel que soit notre âge, nous pensons que notre personnalité ne changera plus à l’avenir, ce qui est faux comme nous l’explique Jean-Claude Ameisein dans cet extrait de son émission Sur les épaules de Darwin du samedi 15 avril 2017.

Ainsi, selon une étude menée par Jordi Quoidbach, de l’Université Harvard, aux États-Unis, et ses collègues, vous répondrez le plus souvent oui à la première question, et non à la seconde, et ce quel que soit votre âge. En d’autres termes, nous avons toujours l’impression que notre personnalité, nos valeurs et nos goûts ont fini d’évoluer au moment présent, ce que les chercheurs qualifient « d’illusion de la fin de l’histoire ».

Les psychologues ont soumis plus de 19 000 personnes, âgées de 18 à 68 ans, à des tests évaluant leur personnalité, leurs valeurs et leurs préférences. Certains groupes devaient aussi remplir ces tests en s’imaginant dix ans plus tard, et d’autres dix ans plus tôt. Les chercheurs ont ainsi pu quantifier à quel point une tranche d’âge pensait avoir changé au cours de la décennie précédente, et à quel point elle estimait qu’elle changerait au cours de la décennie suivante. Les prévisions des sujets d’un âge donné étaient ensuite comparées aux souvenirs des sujets âgés de dix ans de plus : les chercheurs ont par exemple comparé dans quelle mesure les sujets de 30 ans pensaient qu’ils changeraient au cours de la décennie à venir, et comment ceux de 40 ans estimaient avoir changé lors des dix dernières années.

Les auteurs de l’étude en tirent deux conclusions.

D’une part, quel que soit l’âge, on a l’impression d’avoir changé récemment, à un rythme qui cependant ralentit en vieillissant.

D’autre part, on sous-estime systématiquement les changements à venir. Selon les psychologues, cette « illusion de la fin de l’histoire » serait due à un besoin de se rassurer (de se dire qu’on a fait les bons choix, qu’on a aujourd’hui les bonnes valeurs, etc.) ainsi qu’à un biais cognitif : il est plus difficile d’imaginer le futur que de se remémorer le passé. Cette illusion aurait des conséquences pratiques : nos investissements sur des occasions futures (tel un concert de notre groupe de musique favori actuel) sont supérieurs à ce qu’ils seraient si nous avions conscience des changements à venir.

Source : IFPEC

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