Santé, maladie et guérison sont des expériences très subjectives ce qui explique les possibles désaccords entre le point de vue médical et le ressenti du sujet. Le médecin peut affirmer la guérison alors que le sujet se sent encore malade. Ou la médecine peut déclarer le sujet handicapé, alors que ce dernier mène la vie qu’il souhaite. Alors comment aborder l’expérience subjective de la santé, de la maladie et de la guérison ?
Pour la programmation neuro-linguistique (PNL), la subjectivité fait interagir : a) la Neurologie (dans ses aspects cognitifs), car notre attitude mentale, notre manière de penser (nos capacités, croyances et valeurs, identité et spiritualité) impactent notre langage et nos habitudes de vie; b) la linguistique, car si le langage reflète nos modes de pensée, notre manière de nous exprimer impacte aussi nos modes de pensée. Il existe une grammaire transformationnelle de nos modes de pensée; c) les « programmations » ou habitudes du sujet, découlent de nos modes de pensée et de parler. Ces trois composantes de l’expérience subjective forment un système dont les interactions sont constantes. Ces trois composantes représentent également trois portes d’entrée du changement humain en matière de santé : changer notre manière de percevoir et d’interpréter les événements, modifier notre manière de les décrire, ou modifier nos habitudes comportementales.
Les manières d’aborder la santé dans cet article ne se substituent en rien aux interventions ou prescriptions médicales.
Quelle est la fonction d’un symptôme ?
Les symptômes sont les éléments d’alerte (comme la douleur, la toux, le vertige, la tristesse…etc.) d’un dysfonctionnement en cours. Le symptôme est subjectif, et se distingue d’un signe clinique objectif, détecté par le médecin ou lors d’un examen médical (analyses biologiques, imagerie médicale…).
Le symptôme est une invitation à adopter une action corrective pour rétablir un équilibre. Le recours le plus courant est une consultation médicale qui permet d’objectiver la plainte en retrouvant des signes, qui, rassemblés en syndrome, puis en maladie en établissant un diagnostic, permettront de guider l’attitude thérapeutique sur l’organe et la fonction malade.
D’un point de vue systémique, le symptôme est un processus d’adaptation : il nous parle du dysfonctionnement d’un organe, mais aussi d‘une perte d’homéostasie, physique, biologique, émotionnelle, psychologique, relationnelle et environnementale de la personne.
Le symptôme possède une intention positive, celle de nous rappeler une rupture avec cette perte d’homéostasie. Celle- ci résulte de nos habitudes de vie, qui elles même résultent de nos cartes mentales, nos attitudes mentales ou notre manière de nous percevoir dans la vie. Une approche systémique de la santé devrait prendre en compte ces trois aspects : le symptôme, les habitudes de vie et les cartes mentales. En ce qui concerne les habitudes de vie, il important de rappeler la distinction entre celles qui dépendent de moi et sur lesquelles j’ai un pouvoir, et celles qui dépendent des autres sur lesquelles je n’ai pas de pouvoirs. Par exemple de nombreuses situations ne dépendent pas directement de vos habitudes de vie, mais des habitudes de votre environnement (par exemple les accidents, maladies professionnelles…etc)
La médecine curative et préventive s’occupe à merveille des deux premiers aspects mais bien moins du dernier, celui qui concerne notre manière de penser notre vie. Si la guérison est un processus qui vise à rétablir un déséquilibre considéré comme momentanément modifié, les trois aspects décrits plus hauts sont concernés par l’équilibre recherché. Ces trois aspects sont les éléments indissociables d’un système vivant auto-organisé, et en recherche de sens. La fonction du symptôme est d’alarmer la personne à propos d’une incongruence (ou désalignement), c’est-à-dire d’une déconnexion de cette personne de quelque chose perçu comme particulièrement important pour elle, par exemple des valeurs, des buts de vie, des relations, un travail, un environnement…etc. Si on admet cette vison systémique du symptôme, il convient d’apporter deux types de réponses correctives :
- au niveau du symptôme : soulager ou traiter le symptôme et l’organe malade qui génère le symptôme, avec les formidables ressources de la médecine moderne,
- au niveau des causes profondes de ce symptôme : comprendre les sources de la perte homéostasie (biologique, physique, émotionnelle, psychologique, relationnelle, environnementale) afin d’aider la personne à établir un nouvel équilibre de vie plus conforme à ses aspirations du moment.
Dans un mode de pensée linéaire, la même cause provoque le même effet. Dans une perspective non linéaire, un même symptôme peut impliquer un ensemble de causes. Ces deux approches, sur le symptômes et les causes, sont complémentaires et doivent coopérer, pour le plus grand bénéfice du « patient », même si elles font appel à des compétences et métiers différents. Supprimer le symptôme sans en rechercher les causes, revient à tuer le messager porteur d’un message précieux à propos de notre santé. Si vous n’ouvrez pas vos courriers importants, vous allez recevoir une lettre recommandée, avant le passage d’un huissier. De même, si vous ignorez ou n’accusez pas réception des messages de votre corps, ce dernier va vous adresser des messages de plus en plus intenses.
La disparition des symptômes sans interventions sur les causes initiales peut donner au patient le sentiment d’avoir été traité mais non guéri, même si les médecins affirment le contraire. Tout dépend sur quoi on porte son attention. Quand les causes ne sont pas prises en compte, on parle alors de récidives ou de rechutes.
Une approche participative de la santé
Dans une vision systémique, la guérison est le processus de retours à un nouvel équilibre/homéostasie. Ce processus sollicite idéalement une approche multidisciplinaire, avec la participation de la médecine curative, des hygiénistes, des psychologues ou des coachs de santé. Si le médecin soigne, c’est le patient qui décide de se guérir en se prenant en charge au niveau de la prise de ses traitements et d’acquisition d’habitudes de vie plus saines. Ce qui signifie qu’il y a bien une nécessaire coopération entre le médecin et son patient. Le meilleur des médecins ne peut pas faire grand chose sans la coopération et un désir de vie de son « patient ». Le rôle du médecin est de mettre en œuvre toute sa science pour soigner au mieux son « patient ». Le rôle du « patient » est de sortir de sa passivité, de se prendre en charge pour participer activement à l’amélioration de sa santé et à l’expérience transformative de la guérison.
Si le sujet accepte une part de responsabilité dans la survenue de sa maladie, il peut également accepter une part de responsabilité dans sa guérison. Je me souviens avoir entendu à la radio les propos d’un éminent cancérologue de l’hôpital de Villejuif disant que les plus grands progrès en matière de traitement du cancer, ne viendront pas de la mise sur le marché de nouvelles molécules mais d’une meilleure compréhension du psychisme humain. Je pense qu’il voulait parler de la participation du psychisme individuel à l’amélioration de sa santé.
Un regard systémique sur la santé
Un accompagnement basé sur une approche PNL peut aider un individu (et uniquement sur sa demande), à se prendre en charge pour acquérir des attitudes mentales (cartes mentales) plus saines, qui généreront des habitudes de vie plus saines, et aboutiront à un état de santé physique, mental et social plus sain. La contribution de la PNL à un processus de santé va se focaliser sur le niveau des cartes mentales de la personne (capacités, valeurs et croyances, identité et spiritualité). Les modèles PNL aborderont les cartes mentales dans toute leur complexité, par une approche systémique (et non mécaniste) inhérente aux fonctionnements des systèmes vivants qui par définition sont auto-organisés, et potentiellement capables de s’auto-guérir. Ces systèmes vivants sont en recherche permanente d’un équilibre (physique, mental, émotionnel, économique, spirituel…etc.). Un système vivant est ouvert sur le monde qui l’entoure, et un système vivant humain va impliquer les multiples dimensions du psychisme (dont la subjectivité de la carte du monde d’un individu).
Si on admet l’hypothèse que la fonction du symptôme est de témoigner d’une déconnexion à notre source d’équilibre, un processus de guérison est un processus d’adaptation de l’individu en quête d’un nouvel équilibre. Ce processus d’adaptation nécessite des ressources, disponibles dans le monde externes (le traitement médical et la stimulation des processus naturels de guérison, les relations de soutien, la qualité de l’environnement…etc.), et également dans le monde internes (nos valeurs, raison d’être, mission, connexions spirituelles…etc.) en sachant puiser dans notre réservoir inconscient de ressources et surtout en se donnant l’autorisation d’y accéder.
Faciliter un processus naturel de guérison
Le corps est doté de nombreux processus d’auto-guérison (cicatrisation immunité, hormonal…etc.) qui visent à maintenir notre homéostasie et nous maintenir en vie. Accompagner un processus de guérison consiste donc à faciliter et relancer ces processus naturels dont chaque humain est doté. Trois facteurs clés vont contribuer à ce processus : une intention de changement, une relation facilitant le changement, et un rituel de changement
1-Une intention de changement
Rappelons à nouveau que le symptôme a pour fonction de nous signaler une modification de notre homéostasie, du fait d’une perte de liens avec les facteurs internes (valeurs, identité, rêves, passions…etc.) et externes (environnement, culture, relations, travail…etc.), de cette homéostasie. La première étape est donc de définir les nouveaux standards de cette homéostasie qui conditionne un nouvel équilibre de vie. Contrairement aux plantes, et à de nombreux mammifères, les humains sont des être intentionnels, capable de redéfinir leurs buts de vie. En définissant une intention on clarifie la direction que nous voulons donner à notre vie. « Si tu n’avais plus ce symptôme, que voudrais-tu changer dans ta vie ? » La réponse à cette question n’est pas simple, car elle engage l’individu dans sa dimension physique, mentale et spirituelle. Pourtant la réponse est indispensable, car cette réponse, en termes de direction de vie, devient le déclencheur d’une nouvelle auto-organisation (ou auto-guérison).
La définition de l’intention va souvent faire émerger ce qui s’oppose à sa réalisation : les interférences, résistances et les questions écologiques. Il est souvent nécessaire de recadrer des croyances du passé quand celles-ci ont contribué à rigidifier les cartes mentales des personnes, s’opposant ainsi à la possibilité de retrouver un nouvel équilibre. Les croyances limitantes peuvent être en rapport avec les buts (c’est impossible de guérir), les moyens à mettre en oeuvre (je n’ai pas la capacité de guérir, ou ce que je dois faire ne semble pas écologique), ou l’individu lui-même (ce n’est pas de ma responsabilité, je n’ai pas le droit de guérir et je ne le mérite pas.)
2- Une relation facilitant le changement
La relation comporte deux aspects : la relation à l’accompagnateur et la relation à soi.
La relation à l’accompagnateur. Le processus de changement sollicite des ressources externes. Une présence humaine bienveillante et inconditionnellement acceptante de qui nous sommes est fondamentale dans la facilitation de toute transformation humaine. Nous avons besoin d’être vus et acceptés tels que nous sommes pour nous autoriser à exprimer d’autres aspects de nous même. La fonction de cet accompagnant est d’autoriser son client à exprimer et réaliser son intention.
Une relation à soi. Le processus de changement sollicite des ressources internes qui peuvent être mobilisées aux différents niveaux d’expérience (comportements, capacités, valeurs et croyances, identité et appartenance).
3- Un rituel de changement
Si les problèmes de santé témoignent d’une perte d’homéostasie qui elle même résulte d’habitudes de vie inadaptées, tout changement en termes de santé passe par des modifications de ces habitudes de vie. Celles-ci peuvent concerner un environnement humain et physique plus favorable, un changement d’habitudes alimentaires, des stratégies anti stress (exercice physiques, loisirs, méditation…etc.), une vie relationnelle, émotionnelle et spirituelles plus riche. Ces nouveaux rituels ont pour but de faciliter la réalisation des nouvelles intentions de vie. Ces nouveaux rituels impliquent le plus souvent l’acquisition de nouvelles disciplines de vie.
La place de l’approche PNL dans une démarche de santé
Il reste à situer la place réelle des principes, méthodologies et outils PNL dans un processus de changement concernant la santé. La PNL ne soigne pas, la PNL ne traite aucune maladie, ni ne guérit une personne malade. La PNL a une place dans une démarche de santé pour aider le sujet malade à se prendre en charge pour participer au processus de transformation souhaité.
L’apparition d’un symptôme sévère qui ne relève pas du traitement symptomatique et qui n’a pas d’explications immédiate, nécessite une consultation médicale. L’expertise de celle-ci va porter sur le soulagement ou la disparition du symptôme et de la maladie. L’arsenal thérapeutique de la médecine moderne est en mesure de faire chaque jour des miracles dans le traitement des maladies aigues. Un pontage coronarien sauve la vie d’un individu en lui permettant de retrouver rapidement une bonne irrigation cardiaque. En plus du traitement du symptôme, les mesures médicamenteuses et préventives concernant l’exercice, l’alimentation et la gestion des facteurs de stress, permettront de rétablir l’homéostasie. On stabilise une homéostasie biologique, en ignorant parfois les autres dimensions (psychologiques, relationnelle, émotionnelles…etc.) de son homéostasie et les facteurs qui ont contribué à l’apparition du symptôme.
C’est sur cette composante psychologique que la PNL trouve son domaine d’excellence, à côté ou en complément d’autres approches (EMDR, Hypnose…etc.). Et rappelons à nouveau que ce n’est pas la PNL qui soigne ou guérit. Ce qui contribue à la guérison d’une personne malade résulte d’une intelligence collective entre un(e) professionnel(le) du soin qui fait le mieux qu’il peut avec sa technologie externe, et une personne souffrante qui décide de se prendre en charge, grâce à sa technologie interne, pour mener une vie plus en accord avec ses aspirations. L’intelligence collective en matière de santé va naitre de la relation entre la personne malade et tous ceux qui vont contribuer à la réalisation des buts de santé et de vie de la personne malade.
Les coachs de santé vont jouer un rôle important dans cette intelligence collective : ils ne soignent pas, ils ne traitent pas, mais vont aider leur client à donner du sens à leur maladie en définissant de nouvelles intentions de vie, en créant les conditions relationnelles du changement et en aidant leur client à installer de nouvelles disciplines de vie.
Les outils et modèles de la PNL peuvent répondre aux critères de réussite d’un changement en matière de santé :
- la définition d’une intention de santé congruente, intention autours de laquelle une nouvelle auto-organisation va se mettre en place. La prise en compte des obstacles à la réalisation de cette intention par le recadrage des croyances limitantes.
- un profond niveau de rapport à soi et à un accompagnateur, car seul un cadre relationnel de protection et de bienveillance peut favoriser les conditions du changement humain.
- la mise en place de disciplines et nouvelles habitudes de vie, des habitudes alignées avec les buts de vie recherchés par la personne.
Un article du Docteur Jean-luc Monsempès publié en mars 2019 ici
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Pour la PNL, le livre de référence sur la santé est l’ouvrage de Robert Dilts et Tim Hallbom « Croyance et santé » chez La Méridienne.