Manifestations et implications du harcèlement moral en entreprise
En entreprise, le harcèlement moral peut gravement nuire à l’ambiance de travail, à la productivité et à la santé des employés. Il est souvent lié à une dynamique de pouvoir et à une culture d’entreprise où la compétition l’emporte sur la collaboration.
Le harcèlement moral en entreprise est un phénomène qui peut se manifester de diverses manières, chacune ayant un impact profond et souvent destructeur sur l’environnement professionnel. Cette forme de harcèlement est caractérisée par des actes répétés visant à dégrader les conditions de travail d’un individu, à porter atteinte à ses droits et à sa dignité, à altérer sa santé physique ou mentale ou à compromettre son avenir professionnel.
Dans de nombreux cas, le harcèlement moral est intrinsèquement lié à la dynamique de pouvoir qui prévaut au sein de l’organisation. Il peut émerger dans des environnements où les structures hiérarchiques sont rigides et où les supérieurs exercent un contrôle excessif sur les subordonnés. Les actes de harcèlement peuvent inclure des critiques constantes et non constructives, l’assignation répétée de tâches déraisonnables ou en deçà des compétences de l’employé, le sabotage de travail, ou encore l’isolement et l’exclusion sociale délibérée.
L’impact de tels comportements est lourd. Sur le plan personnel, les employés visés peuvent souffrir d’une détérioration de leur santé mentale, marquée par un stress accru, une baisse de l’estime de soi, voire le développement de troubles anxieux ou dépressifs. Physiquement, le stress chronique peut conduire à des problèmes de santé variés, allant des maux de tête et de dos à des maladies cardiovasculaires et à une immunité affaiblie.
Sur le plan professionnel, le harcèlement moral corrode l’ambiance de travail. La peur et la méfiance s’installent, ce qui peut miner la collaboration et augmenter le taux de rotation du personnel, car les employés cherchent à échapper à un environnement toxique. La productivité peut chuter de manière significative, non seulement à cause de l’absentéisme ou du présentéisme (être au travail de façon physique mais réduit en capacité de travail) mais aussi parce que le moral et la motivation des employés sont touchés.
Dans une culture d’entreprise où la compétition prime sur la collaboration, le harcèlement moral peut être particulièrement prévalent. La pression pour atteindre des résultats peut inciter certains à adopter des comportements agressifs ou à recourir à l’intimidation pour éliminer la concurrence interne, justifiant ainsi indirectement le harcèlement comme un moyen d’atteindre des objectifs.
Comment prévenir et traiter le harcèlement au travail
L’approche systémique envisage les situations de harcèlement – moral ou sexuel – comme une qualité émergente d’une dynamique relationnelle entre deux personnes qui s’est rigidifiée avec le temps. Ce qui caractérise la dynamique relationnelle d’une situation de harcèlement sexuel, c’est qu’à la première occasion où une personne est la cible de « propos ou de comportement à connotation sexuelle » (selon la définition du code du travail) à son encontre, sa manière de réagir à l’agression non seulement ne va pas suffire à dissuader son auteur (ou ses auteurs) de continuer, mais cette réaction est perçue par lui (ou par eux) comme un signe de faiblesse qui invite à poursuivre et répéter ce jeu relationnel sans réelle conséquence pour l’agresseur.
Un cadre réglementaire à double tranchant
Le cadre réglementaire vise à protéger la victime de harcèlement et l’invite à révéler dès qu’il lui est possible la situation dans laquelle elle se retrouve prisonnière, afin que son employeur puisse mettre en œuvre au plus vite un protocole ou un plan d’action spécifique, à la première allégation de harcèlement, comme l’y oblige le code du travail. Cette protection est parfois à double tranchant, en fonction de la manière dont est gérée la situation, une fois révélée :
Elle peut, comme espéré, dissuader le harceleur de poursuivre ses propos et ses comportements à connotation sexuelle, dès lors qu’il y a signalement et mise en place du plan d’action sous la responsabilité de la direction ;
Mais elle ne garantit ni à l’employeur et aux personnes concernées par la gestion de la situation, ni à la victime elle-même, que l’auteur confondu, s’il perd la face aux yeux de tous, ne poursuivra pas ses agissements aux effets harcelants sous une autre forme (moral, notamment).
Aussi l’approche systémique vise-t-elle à appréhender les situations de harcèlement dans cette double perspective de la dynamique relationnelle afin de mettre en place les actions réglementaires nécessaires et identifier la meilleure manière de soutenir la victime de la situation, visant à neutraliser au mieux les actions du harceleur.
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Le harcèlement, une lecture systémique
La thérapie systémique se présente comme une méthode globale et inclusive pour aborder et résoudre les problèmes de harcèlement. Cette démarche va au-delà de la dyade harceleur-victime et examine le harcèlement en tant que manifestation de dysfonctionnements au sein d’un système plus large, qui peut être familial, social, ou professionnel. En tenant compte des influences multiples telles que la culture organisationnelle, les normes sociales et la dynamique familiale, elle aborde le harcèlement comme un signe révélateur d’un problème systémique plutôt qu’un problème isolé.
L’accent mis sur les interactions et les relations entre les individus est central dans l’approche systémique. En explorant les schémas de communication et les dynamiques interpersonnelles, on cherche à comprendre comment des comportements dysfonctionnels peuvent émerger et se perpétuer au sein de groupes ou de réseaux. Cette compréhension peut révéler que le comportement de harcèlement est en fait le résultat d’une dynamique complexe, où même le harceleur peut être pris dans un engrenage de réponses à des pressions ou à des problèmes non résolus.
L’approche systémique s’avère pertinente dans une multitude de contextes, des milieux familiaux et scolaires aux entreprises et autres institutions. Elle permet de considérer les influences externes, y compris celles de nature culturelle ou sociétale, qui peuvent alimenter ou perpétuer le harcèlement. Elle ouvre la voie à des collaborations interdisciplinaires, par exemple entre thérapeutes, conseillers en ressources humaines, enseignants et familles, pour une résolution plus efficace des cas de harcèlement.
Dans le cadre de la thérapie systémique, la métacommunication, ou communication sur la communication, joue un rôle crucial. Les praticiens explorent la nature des émotions des parties impliquées et leur manière de communiquer. Ils peuvent recourir à des techniques comme le recadrage pour aider chacun à comprendre sa place dans le système et à prendre conscience de son comportement.
Les thérapies systémiques favorisent des solutions qui sont mutuellement acceptables et qui mettent l’accent sur le rétablissement collectif, ce qui est particulièrement utile dans les séances de groupe en milieu de travail ou scolaire. L’objectif est non seulement de traiter les symptômes immédiats mais aussi de reconstruire l’estime de soi et de soutenir le rétablissement émotionnel des victimes.
Enfin, l’approche systémique cherche à induire un changement durable en modifiant les modèles de comportement et de communication défectueux au sein du système. Elle s’emploie à responsabiliser toutes les parties concernées, visant à établir une dynamique plus saine et à prévenir les récidives. Pour les enfants et adolescents confrontés au harcèlement scolaire, de même que pour leurs parents, la thérapie systémique propose des stratégies de collaboration et d’engagement actif qui peuvent être très bénéfiques. La méthode fournit également aux victimes comme aux harceleurs des outils pour développer respectivement des compétences d’affirmation de soi et des comportements alternatifs positifs, tout en intégrant des techniques de régulation émotionnelle pour gérer les réactions liées au harcèlement.
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Un article et des sources à retrouver ici sur le site de LACT
