Vous voulez comprendre vos réactions les plus fréquentes ? Un fascinant outil de connaissance de soi, l’ennéagramme, aide à se situer par rapport à neuf personnalités de base… non pour vous enfermer mais vous permettre de grandir en humanité.
Commençons par décrypter ce terme étrange : « ennéagramme » vient du grec ennea qui veut dire neuf et grammos figure. Ce modèle a en effet des racines chez les philosophes grecs et d’autres sages antiques, mais c’est dans les années 1970 que le modèle actuel fut développé, à l’initiative du Bolivien Oscar Ichazo et du Chilien Claudio Naranjo.
Revenons maintenant à une situation familière. Nous sommes à l’université, un mois avant les examens. Un groupe d’étudiants attend le début de sa séance de travaux dirigés, mais il est annoncé que l’enseignant a eu un problème et sera absent.
Une situation, mais une diversité de réactions
Aussitôt, une étudiante, Clara, pointe la défaillance de la fac : « Ce n’est pas réglo, nous aurions dû être prévenus ! ». Son amie Laure pense spontanément au chargé de TD : « Il est peut-être malade… ou il a eu un accident ». Tim, lui, regrette de rater ce dernier TD qui devait lui permettre d’augmenter sa moyenne de contrôle continu. « J’espère que j’aurais quand même une mention », se dit-il…
Un autre étudiant n’a pas peur de donner de la voix pour dire son mécontentement et le calme ne revient que lorsque Maxime propose à tous d’aller boire un pot à la cafétéria.
Neuf types de personnalités
Face à une même situation, les réactions des uns ou des autres sont donc très différentes, chacun portant son attention sur une facette différente de la réalité. Sans nous en rendre compte, nous avons en effet sélectionné depuis l’enfance des stratégies de survie et des comportements que nous adoptons « par défaut ». Ainsi se forge notre personnalité.
« L’art de l’ennéagramme, c’est de mettre des mots sur cette construction, explique Emmanuel Loevenbruck », formateur à l’Institut des sciences de la personnalité. Lors d’une formation auprès de jeunes en service civique, il dévoile tour à tour le fonctionnement de neuf personnalités de base.
« Chaque type a pris l’habitude de focaliser son attention sur un point particulier, explique-t-il : le groupe, la réussite personnelle, les dangers… Et chacun a une motivation profonde qui prend sa source dans une peur sous-jacente. Il met alors au point des stratégies pour écarter sa peur ».
Connaître sa personnalité de base (son type) permet donc de mieux comprendre beaucoup de nos réactions.
Type 1 : toujours à la recherche du sans-faute
Les personnes de type 1 ont tendance à traquer les erreurs et les imperfections, chez eux et chez les autres. Habités par la sourde crainte de ne pas être à la hauteur, ils cherchent sans cesse à améliorer les choses par un travail assidu. Ils sont concrets, fiables, vont au bout de leurs engagements…
Mais ils ont du mal à supporter le travail bâclé et peuvent devenir donneurs de leçons, ce qui ne facilite pas toujours les relations aux autres. Confrontés à l’imperfection, ils sont irrités, agacés, mais ils serrent les dents pour ne pas montrer leur colère.
Son mode d’attention : traquer l’erreur
Sa motivation centrale : améliorer ce qui ne va pas
Son rapport au monde : maîtriser les choses
Sa piste d’amélioration : apprendre à lâcher prise et à se détendre
Si vous avez ce type de personnalité, on vous dit souvent que vous êtes serviable, dévoué(e) et que vous avez « le coeur sur la main ». De fait, les personnes de type 2 sont spontanément tournées vers le service des autres, aimant réconforter, écouter, conseiller ou apporter une aide concrète.
Pour exister, elles ont besoin de se sentir utiles, et sont prêtes à se dévouer sans limites… au point d’oublier leurs propres besoins et d’en faire parfois trop.
Son mode d’attention : répondre aux besoins des autres
Sa motivation centrale : être reconnu comme utile
Son rapport au monde : se mettre au service
Sa piste d’amélioration : tenir compte aussi de soi
Vous aimez gagner, être le « numéro 1 », atteindre vos objectifs et le faire savoir aux autres ? Vous avez peut-être une personnalité de type 3 : les personnes de ce type sont actives, « battantes » et souvent débordées, mais adorent vivre à 100 à l’heure et surtout, engranger les réussites. Pour cela, elles savent plaire, entraîner et motiver les autres… au risque de manquer parfois d’authenticité.
Leur énergie peut faire merveille dans le cadre professionnel, mais gare au stress ! L’échec peut leur faire broyer du noir et leur faire perdre leurs moyens.
Son mode d’attention : chercher la réussite
Sa motivation centrale : être admiré
Son rapport au monde : être efficace et obtenir des résultats
Ses pistes d’amélioration : être plus « vrai » envers soi-même et dans ses relations
Chez les personnes « de type 4 », c’est l’intensité des émotions qui donne tout son sel à la vie. Le train-train, la routine, c’est la mort ! Leur humeur suit donc ce yo-yo émotionnel : un jour au top, le lendemain « au 36ème dessous ». Ce primat de l’émotion et le sentiment confus que quelque chose leur manque alimentent leur riche sensibilité : ils/elles sont souvent créatif.ve.s, imaginatif.ve.s et en quête de Beauté.
Cela donne des personnalités originales qui aiment être reconnues dans leur unicité et leur talent. A l’inverse, ils/ elles craignent d’être incompris.es ou ravalé.e.s au rang du commun des mortels. Ce qui peut les conduire à se comparer ou à envier ceux qui sortent du lot…
Son mode d’attention : chercher le manque, la faille d’où jaillit l’émotion
Sa motivation centrale : être reconnu dans son unicité
Son rapport au monde : chercher l’intensité (dans les relations, les expériences)
Ses pistes d’amélioration : accepter d’être à la fois unique et semblable aux autres
Type 5 : laissez-moi prendre du recul…
Si les personnalités de type 5 étaient représentées par un animal, ce pourrait être… par un hibou. Calme, l’oiseau de nuit, observe le monde de ses grands yeux. Ainsi ceux et celles qui préfèrent se mettre en retrait et prendre le temps d’analyser les choses. Cela leur permet de mieux comprendre le monde, d’organiser leurs connaissances et de digérer leurs émotions.
Souvent intraverties, très autonomes, ces personnes aiment être au calme pour apprendre, lire, réfléchir, creuser ce qui les intéresse ou méditer. A l’inverse, elles se sentent perdues dans le bruit, les bavardages superficiels et les mondanités.
Son mode d’attention : observer
Sa motivation centrale : prendre du recul
Son rapport au monde : analyser et comprendre
Ses pistes d’amélioration : s’engager avec les autres, devenir acteur et plus seulement observateur
Type 6 : à l’abri des miens…
Les personnes de type 6, elles, aiment jouer collectif. Seules, elles se sentent faibles et craintives. Au sein de leur famille, de leur groupe d’amis, leur entreprise ou leur communauté, elles trouvent la force et la sécurité, à l’abri des menaces extérieures.
Elles mettent donc toutes leurs énergies à protéger leur groupe d’appartenance, à l’entretenir, le servir, le défendre. La loyauté est leur valeur phare. Ce sont ainsi des employés modèles, respectueux.ses des règles et des traditions du groupe.
Mais leurs peurs peuvent pourtant les rattraper et les envahir de pensées pessimistes. Imaginant tout ce qui pourrait leur tomber sur la tête, ils/elles peuvent devenir méfiants et suspicieux, multiplier les précautions inutiles ou s’isoler dans leur anxiété.
Son mode d’attention : guetter les dangers
Sa motivation centrale : chercher la sécurité
Son rapport au monde : douter de tout par prudence
Ses pistes d’amélioration : avoir plus confiance en soi et dans les autres
Type 7 : la vie a tant de cadeaux à nous offrir
Vous vous dites que la vie est trop courte pour vous permettre de goûter toutes ses joies, vous avez 100 idées à la minute et vous surfez d’un projet à l’autre avec gourmandise. Bienvenue chez les personnes de type 7 !
Plutôt joyeuses, optimistes, parfois boute-en-train, ces personnes aiment profiter de la vie, mais plus encore rêver des plaisirs et des satisfactions qu’elles pourraient goûter demain. En entreprise, on apprécie leur créativité et leur esprit positif, mais leur enthousiasme peut aussi agacer et fatiguer les autres.
D’autant que les types 7 ont tendance à fuir ce qui les ennuie – les tâches routinières, les plaintes des autres, les idées négatives – et plus profondément, toutes les souffrances.
Son mode d’attention : imaginer les possibilités
Sa motivation centrale : chercher le plaisir
Son rapport au monde : positiver
Ses pistes d’amélioration : se limiter et se poser pour aller au bout des choses
Type 8 : faites ce que je vous dis !
Si vous vous mettez sur la route d’une personne de type 8, vous risquez de le sentir… Car ces personnalités se placent carrément du côté de la force. Sûres d’elles, énergiques, elles prennent volontiers les choses en main, que ce soit pour mener un combat, affronter un danger, diriger une équipe ou sortir un groupe d’une situation extrême.
En famille, ils/elles sont protecteurs.trices, et au travail, ils/elles aiment occuper les postes de chefs et grimper les échelons. En position d’autorité, ils/elles n’hésitent pas à faire sentir leur pouvoir, et parler haut et fort pour imposer leurs vues. Pour rester maître de la situation, il/elle s’entoure de fidèles et écarte ceux qui pourraient le/la menacer…
Sous stress, son autorité peut devenir tyrannique et agressive, faisant fuir les collaborateurs fragiles.
Son mode d’attention : repérer les rapports de force
Sa motivation centrale : contrôler les situations et les groupes
Son rapport au monde : combattre
Ses pistes d’amélioration : mieux accepter sa propre faiblesse et celle des autres
Ah, si tous les hommes pouvaient vivre en paix comme des frères, dans l’harmonie et la bienveillance ! Voilà le désir le plus profond du type n°9.
Cette préoccupation permanente le/la place dans une posture de médiateur : cherchant à écouter, il/elle fait tout pour rapprocher les points de vue et « arrondir les angles ». Dans les groupes, le 9 est apaisant, peu contrariant, se laissant porter par le mouvement collectif. La tolérance est sa grande valeur.
Il/elle est à l’aise dans les ambiances familiales, mais en difficulté lorsqu’il faut se positionner. Alors, tu veux ou tu ne veux pas ? Que choisis-tu ? Dans sa crainte de provoquer des tensions, il/elle tendance à faire du sur-place et se réfugie souvent l’inaction. Parfois aussi, à force de s’oublier et d’accepter l’inacceptable, il/elle peut laisser exploser sa colère… avant de se confondre en excuses.
Son mode d’attention : chercher les points communs
Sa motivation centrale : contrôler les situations et les groupes
Son rapport au monde : combattre
Ses pistes d’amélioration : s’affirmer davantage, oser affronter les conflits
Peut-on échapper à son type ?
Classer l’humanité entière en neuf types de personnalité, n’est-ce pas réducteur ? En réalité, l’ennéagramme comporte plusieurs prismes permettant de nuancer son profil et surtout de s’en libérer pour adopter des comportements d’un autre type. Comment ?
Selon des dynamiques qui apparaissent sur la figure géométrique qui sert de support à l’ennéagramme : les 9 types de personnalité sont répartis autour d’un cercle, et aux sommets d’un triangle et d’un hexade (figure à 6 côtés).
– Chaque type de personnalité est donc encadré par deux autres qui sont ses « ailes » et on peut être influencé par l’aile intérieure ou extérieure. Exemple : une personne type 2 aile 1 va conjuguer le sens du service et de la rigueur. Une type 2 aile 3 son sens de l’autre avec le goût de la réussite commerciale.
– Chaque type peut aussi acquérir les comportements d’un autre type : c’est sa direction « d’intégration » qu’indique une flèche entrante. Exemple : le 1 peut intégrer des attitudes du 7 pour se détendre et relâcher la pression. Le 3 celle du 6 pour être plus sincère et plus attentif aux autres.
– Inversement, la flèche qui sort de chaque type indique sa direction de « désintégration ». Sous stress, ce sont les comportements négatifs d’un autre type qui risquent de vous contaminer. Le 4 trop sensible peut par exemple prendre les mauvais côtés du 2 en « collant » les autres.
Vous comprenez ainsi comment affiner votre personnalité et la transformer avec le temps.
Un article de Michèle Longour paru sur le site Réussir ma vie