Etre la cause de ce qui nous arrive

Imaginez qu’en changeant une croyance, vous seriez en mesure de prolonger votre vie de quinze ans, de protéger votre relation de couple d’une rupture, de prévenir une dépression même dans les circonstances les plus difficiles, d’accélérer votre guérison, de faire de vous un être humain plus généreux, et de vous permettre de réaliser plus  facilement dans votre vie les autres changements que vous avez toujours désiré. Et imaginez qu’il y ait des travaux de recherches prouvant que cette seule croyance est en mesure de faire tout cela. Cet article parle de cette croyance : la croyance selon laquelle votre capacité à choisir ce à quoi vous pensez, vous donne la capacité à créer votre propre avenir.

 

Ce que cela signifie d’être la cause

Le présupposé selon lequel nous sommes responsables de notre cerveau et donc de nos résultats est selon par Robert Dilts l’une des idées clée de la PNL (Dilts, 1998, p 7-10). Accepter ce présupposé est souvent appelé dans la PNL “être la cause”. Cela renvoie peut-être au méta-modèle, un outil de la PNL générant une série de questions qui peuvent par exemple remettre en question la croyance selon laquelle tout événement externe “cause” les “effets” auxquels une personne fait face. Dans ma formation de praticien PNL, j’essaie non seulement d’enseigner la PNL, mais aussi de partager avec les gens ce que j’ai appris sur la façon d’être heureux. Je trouve de plus en plus que vivre avec ce concept unique (être la cause) répond à la plupart de cette deuxième question (comment être heureux). Voici comment faire ;

L’idée qu’être la cause (de ce qui nous arrive) est forte utile va bien sûr au-delà de la PNL. William James, médecin du XIXe siècle, souffrait d’une grave dépression. L’obtention de son diplôme de médecin à l’âge de 27 ans ne l’a laissé que plus déprimé et angoissé à propos de l’inutilité de sa vie, qui semblait prédéterminée et vide. En 1870, il fit la découverte philosophique qui lui permit de se sortir de sa dépression. Il prit conscience que des croyances différentes avaient des conséquences différentes. William James se demandait depuis un certain temps si les humains disposaient d’un véritable libre arbitre, ou si leurs actions étaient nécessairement déterminées par des influences génétiques et environnementales. Il se rendit compte que de telles questions étaient insolubles et que la question la plus importante était de savoir quelles croyances pouvaient avoir les conséquences les plus utiles pour celui qui les adopte. William James découvrit que la croyance au déterminisme le rendait passif et impuissant ; la croyance au libre arbitre lui permettait d’envisager différents choix, d’agir et de planifier. Décrivant le cerveau comme “un instrument de possibilités” (Hunt, 1993, p149), il décida : “Je suppose donc, que pour le présent et jusqu’à l’année prochaine que ce n’est pas une illusion. Mon premier acte de libre arbitre sera de croire au libre arbitre. J’irai un peu plus loin avec ma propre volonté, non seulement j’agirai avec elle, mais j’y croirai aussi ; je croirai en ma réalité individuelle et en mon pouvoir créateur. “Sa dépression se calma et James  devint la figure centrale du développement de la “psychologie scientifique”.

Dans cet article, je tiens à confirmer le choix de William James et à en suggérer certaines implications. Je vais citer quelques extraits de mes articles précédents, mais de façon raisonnée. Je pense qu’il est temps que tout cela soit rassemblé en un seul endroit. Commençons !

L’aire cérébrale de la responsabilité

Chris Frith et ses collègues du Wellcome Department of Cognitive Neurology à Londres ont demandé à des sujets allongés sous un scanner TEP (Positron Emission Topography) pendant deux heures, d’effectuer une tâche simple : lever leur doigt. Parfois, les chercheurs disaient aux sujets de lever le doigt gauche, parfois le doigt droit, et parfois de décider eux-mêmes quel doigt lever. Lorsque la personne prenait sa propre décision, les neurologues voyaient s’éclairer une aire très spécifique du cerveau : la zone où les décisions autonomes sont prises. Cette zone se trouve sur le côté du cortex frontal (Carter, 1998, p. 24). Dans la dépression clinique et dans les cas de schizophrénie où l’apathie est le symptôme clé, cette même région du cerveau est chroniquement sous-activée (Carter, 1998, p 160). La personne déprimée n’utilise pas cette capacité de prise de décision. Inversement, l’abandon de la prise de décision conduit à la fermeture de cette aire et à la dépression.

Le cortex frontal du cerveau fut étudié pour la première fois au 19e siècle, sur le crâne d’un cheminot américain nommé Phineas Gage qui fut totalement traversé par une barre de fer à là la suite d’une brutale explosion. Gage survécut, mais la blessure transforma le travailleur déterminé et assidu qu’il était en un vagabond alcoolique. Son médecin décrivit le nouveau Gage comme “parfois obstiné de façon pertinente, mais capricieux et hésitant, élaborant de nombreuses idées de plans à réaliser dans le futur mais dont aucun n’était suivi de concrétisations, avant d’être abandonnés. Il avait les capacités intellectuelles et les réalisations d’un enfant, mais avec les passions animales d’un homme fort “. (Carter, 1998, p. 25-28). Les neurologues Russell Swerdlow et Jeffrey Burns de l’Université de Virginie ont étudié un équivalent au XXIe siècle, avec un homme qui avait une tumeur de la taille d’un œuf dans le cortex orbito-frontal et qui avait perdu le contrôle de soi de plusieurs façons. L’homme, qui était auparavant un instituteur aux manières douces, se trouvait maintenant incapable de contrôler ses pulsions. Il attira l’attention de la police en agressant des enfants et en s’adressant à des prostituées dans des salons de massage. Orienté par le tribunal vers un travail psychologique, il  commença à faire des propositions aux femmes du groupe des psychologues. Lorsque sa tumeur fut enlevée, ces comportements cessèrent complètement. Ils revinrent lorsque la tumeur refit surface, puis disparurent là la suite de sa deuxième intervention chirurgicale (Burns et Swerdlow, 2003).

Comment le fait d’être la cause affecte vos résultats sociaux et psychologiques

Selon les résultats de nombreuses recherches portant sur différents modèles de psychothérapie, les clients en psychothérapie qui se croient responsables de leurs propres réponses obtiennent de bien meilleurs résultats (Miller et coll., 1996, p. 319, 325). De plus, la recherche montre que ce sentiment de contrôle de soi n’est pas une “qualité” stable que certains clients possèdent et que d’autres ne possèdent pas ; cette qualité varie au cours de leur interaction avec l’accompagnant(e). On a en effet démontré qu’une thérapie réussie se traduit d’abord par un changement du “locus de contrôle”, puis par la réussite de l’objectif souhaité. Autrement dit, les clients modifient en premier leur façon de percevoir qui dirige leur cerveau, puis se retrouvent capables d’apporter les changements qu’ils veulent (Miller et coll., 1996, p. 326). Comme on peut s’y attendre, la pratique de la PNL renforce la conviction des clients qu’ils sont “la cause” de ce qu’ils deviennent. Dans leur étude sur la psychothérapie PNL, Martina Genser-Medlitsch et Peter Schultz à Vienne (1997) ont constaté que les clients de la PNL obtenaient de meilleurs résultats que les témoins dans leur perception d’eux-mêmes en tant que maîtres de leur vie (avec un niveau de différence significative de 10 %).

Les thérapeutes qui transmettent le sentiment d’être la cause de leur propre mode de vie, inspireront certainement ce sentiment chez les autres. Dès les années 1960 et 1970, Robert Carkhuff et Bernard Berenson, concepteurs du service d’aide psychologique, ont publié divers résultats de recherches montrant que les interactions d’aide ont tendance à influencer les clients, soit pour le meilleur soit pour le pire. Ils ont identifié plusieurs paramètres mesurables du bon fonctionnement humain et ont montré que les psychologues qui avaient des bons scores sur ces paramètres étaient capables d’aider les autres à bien fonctionner également sur ces mêmes paramètres. L’idée d’être maître de sa vie est au cœur de ces mesures. Les aides psychologiques qui fonctionnaient mal sur ces paramètres influençaient en fait la détérioration du fonctionnement de leurs clients ! (Carkhuff et Berenson, 1977, p. 5, p. 35). Carkhuff et Berenson ont comparé la plupart des psychothérapeutes à des sauveteurs professionnels qui auraient reçu une formation avancée en aviron, sur l’utilisation des bouées de sauvetage et de la pratique de la respiration artificielle, mais sans savoir nager.” Ils ne peuvent sauver d’autres personne car dans les mêmes circonstances, ils ne pourraient pas se sauver eux-mêmes.” Lorsqu’ils ne se sentent pas capables de gérer leur propre vie, les thérapeutes sont incapables de communiquer cette compétence cruciale à leurs clients, dit Carkhuff.

Le fait de ne pas se considérer comme la cause d’un problème à long terme nuit également aux relations personnelles d’un individu. Le psychologue social Daniel Gilbert a étudié la durée pendant laquelle les gens ressentaient de la rancune après avoir été impliqués dans un échange insultant ou simplement en avoir été les témoins (Gilbert et al., 2004). Avant l’étude, les gens déclaraient que leur rancune serait plus longue s’ils se faisaient insulter par un étranger, que s’ils voyaient simplement un étranger insulter un autre étranger. En réalité, la durée de la rancune était beaucoup plus longue lorsqu’ils observaient une autre personne se faire insulter. Cela semblait être lié à leur expérience de se sentir impuissants à intervenir suite à l’insulte observée. Pour Gilbert, ce sont les difficultés “mineures”, que les personnes ne se sentent pas capables de résoudre, qui les affectent le plus à long terme. Les relations se brisent plus à cause du refus de quelqu’un de sortir les ordures, qu’à cause de problèmes plus importants comme une relation amoureuse. Lorsque nous nous sentons capables de résoudre des problèmes, nous sommes capables de pardonner et de rétablir une relation. Dans l’étude sur les relations de coopération, le terme utilisé pour être la cause est “s’approprier le problème”. Lorsqu’une personne sent clairement qu’il “s’approprie le problème” et qu’il est capable d’agir pour faire quelque chose, alors les problèmes peuvent être résolus plus facilement. Lorsqu’une personne croit qu’elle n’a pas “le droit” de résoudre le problème, les ressentiments et les blessures persistent.

Cela signifie-t-il que les gens qui se perçoivent comme “la cause” sont plus égoïstes et ne s’intéressent qu’à la résolution de leurs propres problèmes ? Bien au contraire ! Il existe une forte corrélation entre la croyance que l’on est maître de son destin et la volonté d’aider les autres, et il existe une forte corrélation entre une estime de soi élevée et une aide apportée aux autres (cette recherche est présentée dans Midlarsky, 1984, p 299-300 ; et dans Kohn, 1990, p 76-78). Ceux qui aident les autres ont tendance à se sentir responsables de leur propre vie.

Comment le fait d’être la cause impacte votre corps

Etude après étude, la croyance que vous êtes responsable de vos résultats est démontrée lorsqu’il s’agit d’aider les individus à obtenir des changements positifs dans leur corps. Steven Maier et Mark Laudenslager ont exposé deux groupes de rats à des chocs électriques (ce n’est pas une très belle expérience, mais nous pouvons encore apprendre de ces résultats cohérents). Un groupe de rats pouvait contrôler le choc à l’aide d’un levier ; l’autre groupe n’avait aucun moyen de le contrôler. En peu de temps, le système immunitaire des rats sans contrôle s’est effondré alors que les autres sont restés en bonne santé (Ornstein et Sobel, 1989, p 151). Dans une autre étude, Maier et Martin Seligman ont découvert que les chiens qui avaient vécu cette expérience (d’être incapables de contrôler les chocs) avaient développé un style de comportement qu’ils appelaient “l’impuissance acquise”. Dans les expériences suivantes, les chiens ne sautaient même pas pour fuir la zone qui leur avait donné des chocs  électriques ; ils renonçaient à leur capacité à prévenir le problème. Martin Seligman a suivi des expériences identiques chez des êtres humains. Il a constaté que les humains qui adoptaient cette approche d’ « impuissance apprise » réagissaient aux événements stressants (comme l’échec à un examen universitaire) par une dépression (Seligman, 1997).

Ellen Langer et Judith Rodin ont travaillé avec deux groupes de personnes âgées dans une maison de retraite. Au premier groupe, on a remis à chacun une plante en disant à chacun qu’il devait en prendre soin. Au second groupe on a remis la même plante, en disant à chacun que le personnel s’occuperait avec eux de la plante. En quelques semaines, cette simple différence dans le niveau de contrôle de leur vie s’est traduite par des résultats différents en termes de santé. Au cours des 18 mois suivants, on a constaté une diminution de 50 % de la mortalité des résidents du groupe “sous contrôle” par rapport à ceux du groupe témoin (Langer, 1989).

Il suffit de croire que vous pouvez contrôler votre santé et votre guérison pour que cela puisse se produire. Peu importe le niveau de véracité de la théorie. R.C. Mason a étudié un groupe de patients hospitalisés pour une même opération oculaire. Avant l’opération, on a demandé aux patients s’ils se sentaient confiants à la fois à propos des résultats de l’opération et de leur capacité à faire face à un éventuel problème. Ceux qui étaient les plus confiants et qui se sentaient les plus aptes à faire face à la situation difficile étaient ceux qui se sont rétablis le plus rapidement par la suite (Ornstein et Sobel, 1989, p. 246).

Un style “proactif ” de la gestion du stress est associé à une activité accrue des cellules immunitaires de l’organisme (Goodkin et al., 1992). C’est-à-dire que lorsqu’une personne se sent responsable de sa vie et qu’elle fait des choix concernant son avenir, une vérification du taux de ses cellules immunitaires (les lymphocytes T pour être exact) montrera que ces cellules protègent plus activement son organisme des infections et éliminent les cellules cancéreuses. En fait, les gens qui adoptent une approche plus “optimiste” de la vie vivent 19 % plus longtemps, selon une étude de 30 ans menée à la clinique Mayo au Minnesota (Maruta, Colligan, Malinchoc et Offord, 2000). Le médecin de la clinique Mayo, Toshihihiko Maruta, déclare : “Ces résultats confirment notre conclusion qui est de l’ordre du bon sens. A savoir que l’esprit et le corps sont liés et que cette attitude a un impact sur le résultat final, la mort”.

Les croyances qui semblent empêcher les gens d’être la cause 

a) Les croyances sur le rôle des « puissances supérieures »

Certaines croyances semblent implicitement s’opposer à l’idée d’être “la cause”. En premier lieu, il y a la croyance qu’une “puissance supérieure” devrait être la cause, et en second la croyance qu’un “esprit inconscient” devrait être la cause. Si on accorde une grande valeur aux concepts de pouvoir supérieur et d’inconscient, il semble utile de clarifier la relation entre ces idées et l’idée d’être la cause, tel que discuté ici.

Le modèle en 12 étapes de la dépendance est l’incarnation même de la théorie du “pouvoir supérieur”. La première étape du programme des AA (Alcooliques Anonymes) est “Nous avons admis que nous étions impuissants face à l’alcool – que nos vies étaient devenues ingérables”. Et la seconde étape consiste à dire “Nous sommes venus à croire qu’une puissance supérieure à la nôtre pourrait nous rendre la raison”. Le groupe AA original était un peu plus explicite. Le cofondateur des AA, Frank Buchman, dit : “Le secret, c’est le contrôle de Dieu”. Le vrai patriote fait don de sa vie pour mettre sa nation sous le contrôle de Dieu. Ceux qui s’opposent à ce contrôle sont des ennemis publics.” (Buchman, 1961, p. 24).

J’ai fait d’ailleurs remarquer que la recherche sur le traitement des toxicomanies ne confirme pas l’affirmation de la première des 12 étapes. Plus des deux tiers des personnes dépendantes qui arrêtent de boire de l’alcool le font seules, sans aucune aide. A long terme, les personnes qui décident seule d’arrêter de boire réussissent mieux que celles qui choisissent des programmes de traitement :  sur une période de 10 ans, on observe un taux d’arrêt de l’alcool de 81 % chez ceux qui cessent seules de boire seules, et de 32 % chez ceux qui vont aux AA (Trimpey, 1996, p 78 ; Ragge, 1998, p 24).

Les AA ont décrit la dépendance comme étant au-delà de tout contrôle de soi, et on dit aux alcooliques qu’un seul verre d’alcool déclenche à nouveau le processus incontrôlable de la maladie. Les recherches confirment constamment que cette affirmation n’est pas fondée. En 1973, le psychologue Alan Marlatt a donné à des alcooliques des boissons alcoolisées fortement aromatisées et a constaté que tant qu’ils croyaient que les boissons étaient sans alcool, ils ne buvaient que des quantités normales. D’autre part, les alcooliques à qui on a disait que leur boisson contenait de l’alcool commençaient à en boire de façon compulsive, même si leur boisson ne contenait pas d’alcool. De telles études ont été répétées à de nombreuses reprises dans des conditions variables. Ceux qui se croient impuissants après avoir bu de l’alcool font bien pire dans les études à long terme. Une étude de quatre ans qui a suivi 548 personnes diagnostiquées alcooliques et ayant été traitées dans 8 différents centres AA, et a montré que si seuls 7 % d’entre eux avaient réussi à s’abstenir, 18 % étaient maintenant des buveurs sociaux sans état d’ébriété. Dans cette étude, ceux qui étaient le plus fortement d’accord avec le modèle d’alcoolisme de la maladie AA étaient les plus susceptibles d’être encore de grands buveurs problématiques quatre ans plus tard (Ragge, 1998, p 32-34). Des recherches similaires sont disponibles pour le rétablissement à la suite du tabagisme, de l’abus d’héroïne et de l’obésité. Dans chaque cas, ceux qui adhèrent à l’idée de l’impuissance personnelle donnent les pires résultats. Ceux qui se rétablissent le mieux sont ceux qui n’ont rien à voir avec les théories de l’impuissance individuelle (Schachter, 1982, p 436-444 ; Peele, 1989, p 167-168 ; Trimpey, 1996, p 78).

Imaginons un instant qu’il existe un “Dieu”. Est-ce que Dieu veut vraiment qu’on n’utilise pas le cortex frontal ? La zone en cause n’est-elle qu’une ruse du diable, pour subvertir l’œuvre de Dieu ? Je ne le crois pas. Selon moi, toute réussite positive obtenue en étant la cause est en quelque sorte une célébration de la nature divine de la nature humaine. Je ne dis pas que les praticiens PNL ne devraient pas aller aux réunions des AA. Ils pourraient juste être vigilants en gardant les yeux et les oreilles pleinement ouverts quand ils le font.

Avoir une “inclinaison spirituelle” ne signifie pas nécessairement renoncer à être la cause. Par exemple, le Mahatma Gandhi s’est attelé à la tâche apparemment impossible de défier le plus grand empire du monde et de lui retirer sa plus grande colonie. Il croyait clairement que son destin était entre ses propres mains. Dans un de ses articles, il cite une très belle lettre à ce sujet, qui lui a été écrite par une personne dont l’anglais est limité. La lettre dit : “Les hommes naissent nus. Mais les deux mains leur sont données. Nous pensons que Dieu a donné le paradis aux hommes, mais Il ne l’a pas donné directement aux hommes. Il leur a donné indirectement en leur donnant deux mains – le pouvoir de créer tout et n’importe quoi – pour se faire un paradis dans le monde actuel. Je pense donc qu’il est du devoir de l’homme d’utiliser au mieux ses mains.” (Gandhi, 1997, p. 84).

b) Les croyances sur le rôle de l’inconscient

Dans un article récent, Carmen Bostic St. Clair et John Grinder ont laissé entendre qu’il y avait certaines erreurs dans le code initial de la PNL. L’une de ces erreurs était le manque d’accent mis sur la responsabilité de l’inconscient dans un travail de changement écologique (Bostic St Clair et Grinder, 2002). Ils décrivent un processus de changement dans lequel ils font entrer la personne dans un “état de non savoir” qui est ensuite associé aux situations dans lesquelles la personne veut changer. Ils soulignent qu’à aucun moment le client ne cherche à formuler consciemment les différences (ni l’état souhaité, ni la nouvelle ressource, ni le comportement préféré) qu’il souhaite voir apparaître dans ce contexte. Ainsi, à la fin de la séance, le client sait que quelque chose d’important a changé, mais il n’a généralement pas accès consciemment aux différences spécifiques qui sont disponibles”.

Bien que je sois d’accord avec la valeur accordée à l’implication de “l’inconscient” dans tous les processus de changement, je ne pense pas que cela nécessite le désengagement délibéré de l’esprit conscient ou d’être la cause. Comme Bostic Clair et Grinder le disent, Milton Erickson a souligné que le changement est un processus inconscient. Cependant, lorsque nous vérifions le travail d’Erickson, nous constatons qu’il a également compris que l’esprit conscient devait être impliqué dans tout changement. Sinon le risque est que l’esprit conscient devienne l’”ennemi” du changement. Ils déclarent (Erickson et Rossi, 1979, p. 10) : “De nombreux patients reconnaissent et admettent facilement les changements qu’ils ont subi. D’autres, moins introspectifs, ont besoin de l’aide du thérapeute pour évaluer les changements qui se sont produits. Une reconnaissance et une appréciation du travail de transe sont nécessaires, de peur que les anciennes attitudes négatives du patient ne perturbent et ne détruisent les nouvelles réponses thérapeutiques qui sont encore dans un état fragile de développement”.

Lorsque je grimpe une montagne, mon “inconscient” ajuste ma respiration et mon pouls pour me permettre d’y arriver. Essayer de contrôler ces fonctions ne fera que gaspiller une énergie que je pourrais mieux utiliser pour profiter de la vue. Mais je ne demande pas à mon inconscient de décider quelle montagne je dois gravir. Je ne demande pas non plus à mon inconscient de “décider” quand je dois commencer ou arrêter l’escalade. De la même façon, je suis heureux de voir mon inconscient faire les ajustements nécessaires pour m’aider à atteindre mes objectifs. Je ne suis pas intéressé par les changements que mon inconscient décide de me faire faire. Pour aller plus loin, je pense que la proposition de Clair et Grinder  soulève la question “Qu’est-ce que l’inconscient ?”

Qu’est-ce que l’inconscient ?

Pour comprendre le fonctionnement neurologique de “l’inconscient”, permettez-moi de vous parler un peu du cerveau et de la mémoire. À une période de ma vie, j’ai eu besoin d’utiliser mon esprit conscient pour attacher mes lacets. Aujourd’hui, mon “inconscient” remplit cette fonction. Qu’est-ce que je veux dire quand je dis cette dernière phrase ? Je veux dire qu’une autre région du cerveau exécute maintenant de façon automatique ma stratégie de laçage lorsqu’elle est déclenchée par la vue de mes chaussures délacées. Même une personne gravement touchée par la perte de mémoire de la maladie d’Alzheimer peut continuer pendant un certain temps à pouvoir attacher ses lacets, car ces stratégies sont stockées dans des régions du cerveau moins touchées par cette maladie (Schacter, 1996, p 134-137). Ces mémoires sont appelées “mémoires procédurales”.

Il existe un autre type de mémoire que les patients atteints de la maladie d’Alzheimer continuent d’avoir. Daniel Schacter, chercheur spécialisé sur la mémoire, discute des résultats d’une expérience avec les mots qui révèle cet autre type de mémoire. Tout d’abord, il montre aux personnes une série de mots, dont chacun doit être étudié attentivement pendant 5 secondes.

Les premiers mots sont : assassin, pieuvre (octopus), avocat, mystère, shérif, climat 5climate).
Ensuite, il montre aux gens une deuxième série de mots et leur demande si l’un de ces mots se trouvait dans la première série.
La deuxième série est : crépuscule, assassin, dinosaure, mystère.
Si votre mémoire fonctionne bien, vous en avez reconnu deux dans la première liste. Ensuite, Schacter demande aux participants de compléter les mots anglais suivants en remplissant les blancs.
Troisième ensemble : ch—-nk, o-t–us, -og-y—, -l-m-te.

La plupart des gens qui ont vu le premier ensemble de mots ont de la difficulté à en trouver deux dans ce troisième ensemble de mots (chipmunk, octopus, et bogeyman, climate) mais trouvent que la pieuvre (octopus) et le climat (climate) sont plutôt évidents. C’est parce que votre mémoire a été “amorcée” par l’étude de la première série. Voilà ce qui est intéressant. L’amorçage est également efficace pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, qui ne se rappellent pas si l’une ou l’autre des deux séries se trouvait dans la première série. L’amorçage fonctionne même pour les personnes qui sont exposées à des informations vocales lorsqu’elles sont inconscientes à cause de l’anesthésie ! (Schacter, 1996, p. 170-172). Alors que la mémoire consciente exige l’activation du cortex frontal, les souvenirs inconscients de l’amorçage et les souvenirs inconscients d’une procédure comme le laçage des chaussures sont stockés plus profondément dans le cerveau.

Ces autres types de mémoire/compétence sont inconscients, et sont ainsi très utiles. Nous n’avons pas besoin de rendre ces systèmes de mémoire conscients. Malheureusement, ces souvenirs inconscients fonctionnent automatiquement. Ils peuvent être “amorcés” par n’importe quel stimulus non pertinent et même nuisible qu’une personne peut rencontrer.

Phineas Gage, (souvenez-vous de ce qui s’est passé plus tôt dans l’article) qui a eu une lésion de son lobe frontal, pouvait être poussé à se comporter de façon impulsive face à toutes sortes d’événements aléatoires, comme la disponibilité de l’alcool dans son environnement immédiat. Ce que Gage avait perdu, c’est la capacité à décider à quelles choses il allait répondre. La fonction du cortex frontal est de prendre des décisions. La prise de décision ne peut pas être “transférée à l’inconscient” parce que l’inconscient est simplement représenté par les zones du cerveau qui fonctionnent sans prise de décision consciente (y compris le cortex frontal). On peut donc faire confiance à l’inconscient pour faire et se souvenir de nombreuses choses que votre esprit conscient ne peut pas faire ou se souvenir. Cet inconscient possède beaucoup plus de ressources que l’esprit conscient. Mais on ne peut pas lui faire confiance pour prendre des décisions à votre place. Si vous le consultez (soit en transe, soit en utilisant un pendule, des cartes de tarot ou tout autre système de divination), il répondra avec ce qui a été amorcé pour y répondre.

C’est ta vie qu’il convient de vivre !

Alors voici une croyance qui peut transformer la vie. L’idée que nous sommes “la cause” ou en charge de notre mental et de ses résultats est centrale dans la PNL, mais plus important encore, elle est centrale pour profiter au mieux de la vie. Le cortex frontal semble avoir un rôle central pour nous permettre de fonctionner en étant « la cause » de ce qui nous arrive, et lorsque ce cortex frontal est inactif, il peut en résulter une dépression et une apathie ou un comportement impulsif. Le fait d’être la cause d’une maladie est corrélé à la réussite du changement en psychothérapie, à l’abandon des émotions désagréables et à l’adoption de comportements altruistes. Etre la cause a un effet physiologique, en renforçant le système immunitaire, en prolongeant la vie de 19% et permettant une guérison plus rapide. Une simple croyance peut faire tout cela !

Deux types de croyances peuvent s’opposer à l’idée d’être « la cause » et nous priver de notre pouvoir. En premier, il y a la croyance qu’il faut renoncer à toute prise de décision pour laisser Dieu être la cause et décider pour nous. Les thérapies basées sur cette idée semblent avoir des taux de réussite plus faibles, et il peut être plus utile d’accepter l’idée que Dieu nous a donné un cortex frontal et deux mains pour une bonne raison. En second, il y a la croyance déresponsabilisante que l’inconscient est un mécanisme décisionnel plus écologique que l’esprit conscient. Cependant, les compétences et les souvenirs inconscients sont amorcés presque au hasard, et la fonction décisionnelle du cortex frontal ne peut pas être transférée à une autre région du cerveau.

Comme William James l’a souligné, nous ne pouvons pas savoir exactement dans quelle mesure nous sommes vraiment responsables de notre vie, mais ce n’est pas la question. La question est de savoir si c’est plus utile d’assumer être responsable de notre vie. Je pense que cet article en apporte suffisamment de preuves. Comme pour toute croyance nouvelle, cela peut vous sembler étrange, ou même faux au début. Vous vous devez d’aller au-delà de vos doutes et découvrir par vous-même ce que la recherche démontre. Et si vous avez déjà adopté la croyance que vous êtes la cause de ce que vous obtenez dans la vie, cet article vous apporte des preuves supplémentaires que vous êtes sur la bonne voie. Bonne aventure !

Le Dr Richard Bolstad est Maître Praticien et Formateur en PNL qui a travaillé avec des clients individuellement et en tant que formateur de groupes depuis 1990. On peut le contacter à PO Box 35111, Browns Bay, Auckland, Nouvelle-Zélande, Téléphone/Fax : +64-9-478-4895 E-mail : learn@transformations.net.nz Website : http://www.transformations.net.nz

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Article paru sur le site de l’Institut Repère

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