Dans la Bibliothèque : Sentir d’abord : une exploration de la conscience Antonio Damasio

Emission de Laure Adler à écouter :

Pour Antonio Damasio, pas de conscience sans émotions. Avec son dernier livre “Sentir et savoir” (Odile Jacob), le neuropsychiatre poursuit sa construction d’une œuvre originale où la conscience humaine naît d’une connivence du corps et de l’esprit.

Portrait d’António Rosa Damásio, auteur de  "Sentir et savoir : Une nouvelle théorie de la conscience" (Odile Jacob)
Portrait d’António Rosa Damásio, auteur de « Sentir et savoir : Une nouvelle théorie de la conscience » (Odile Jacob) © Luiz_Carvalho

“Ni heureuse, ni triste”, c’est une enfance rythmée par la musique et les livres que décrit Antonio Damasio, qui a grandi à Lisbonne. 

Je n’aurais jamais eu la patience d’être musicien.”

Il aura pourtant eu celle d’élaborer des théories sur la conscience parmi les plus reconnues à l’international, depuis les Etats-Unis où il s’est établi avec sa femme Hanna, neurologue comme lui. 

A l’université, Antonio Damasio se passionne pour le cinéma et écrit des critiques de films. Il est vite attiré par la neurologie, qui lui apparaît comme le meilleur outil pour comprendre la pensée humaine. 

Aujourd’hui, son œuvre scientifique est toujours nourrie de littérature, de théâtre, de musique. C’est d’ailleurs avec les mots du metteur en scène Peter Brook que débute son dernier livre “Sentir et savoir. Une nouvelle théorie de la conscience” (Odile Jacob) : 

La vie d’une pièce commence et finit au moment où elle se joue.”

Fitzgerald, Faulkner, Proust… Celui qui veut comprendre notre cerveau considère les grands écrivains du début du XXe siècle comme de fins observateurs de l’esprit humain au même titre que les scientifiques. De même que les poètes anciens, par l’appréhension et l’expression des sentiments humains, ont pressenti une forme de neurologie. 

Il s’agit de comprendre ce que sont les sentiments, leur lien avec notre façon de décrire le monde qui nous entoure, et la possibilité de traduire tout cela par un nouveau code : le langage.” 

Loin de se ranger derrière les scientifiques qui considèrent toujours la question de la conscience comme insoluble, Antonio Damasio est convaincu que nous avons aujourd’hui les outils nécessaires pour avancer dans son exploration. Opposé au dualisme cartésien selon lequel il existerait une division claire entre le sentir et le savoir, il défend dans son dernier livre une conception selon laquelle le sentir précède toutes nos idées et représentations du monde.

La possibilité de la conscience naîtrait alors de la faculté même de ressentir, qui trouve son origine dans notre système nerveux : 

Lorsque l’on a la possibilité de traduire l’état de la vie dans une représentation arrivent les sentiments, qui inaugurent le début de la conscience.

Et si nous sommes amenés, en tant qu’individus, à ressentir un mal-être, notre conscience de l’état des choses nous pousse à réagir pour corriger ce qui nous cause un inconfort : cette faculté d’adaptation fonde le règne humain. 

Pour une théorie de la conscience qui place les émotions comme socle de notre humanité. 

Musiques : 

  • Ella Fitzgerald, « I want dance »
  • « Mozart – Sonate n°2 » pour piano interprété par Maria Joao Pires
  • Feu Chatterton, « Ecran total »

Archives : 

  • Archive INA non datée : Gaston Bachelard parle de la faculté d’imagination et de la place des images dans la poésie
  • 1988 Abécédaire avec Claire Pernet, lettre N comme Neurologie : Gilles Deleuze explique pourquoi il est fasciné par la neurologie
  • Le 29 juin 1996 A voix nue : Boris Cyrulnik différencie les animaux et l’homme par les émotions et la capacité de récit

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